Exposition
Programmes Publics
14.7.2021
7.16.2021
19:00

La fin de la résidence de création de l’artiste plasticien Nabil Himich à Marrakech, invité et soutenu par Le 18, offre au public une opportunité unique de découvrir une restitution de son travail en cours. Originaire de Meknès et lauréat de l’INBA de Tétouan, Nabil Himich articule sa démarche créative sur une pluralité de supports visuels.

Plié, dépliant - Nabil Himich
Programmes Publics
Exposition
14.7.2021
7.16.2021
19:00

La fin de la résidence de création de l’artiste plasticien Nabil Himich à Marrakech, invité et soutenu par Le 18, offre au public une opportunité unique de découvrir une restitution de son travail en cours. Originaire de Meknès et lauréat de l’INBA de Tétouan, Nabil Himich articule sa démarche créative sur une pluralité de supports visuels. Sa production nous paraît, dès les premières approches, surprenante par son intensité matérielle, par la densité conceptuelle de ses postulats, et par sa profondeur éthique. Le projet global cohérent et ambitieux de l’artiste propose la réception par le public des pièces qui sont dès leur exhibition interprétées particulièrement, pour elles-mêmes, comme des pièces détachées.

Partant d’une phénoménologie existentielle plutôt tragique, Nabil Himich remet en question l’idée de l’artiste entendu comme un créateur du monde l’embellissant, car pour lui il s’agit d’acter la réalité sans idéalisme, comme un miroir. Il y a donc une tendance vers une objectivation du rapport entre l’artiste et l’objet figuré ou trace, ou davantage entre lui et ses propres affects. Et cette remise en question ne s’effectue pas par la précaution de préserver une certaine confiance dans la possibilité de la représentation esthétique, visuelle, mais au contraire par la volonté d’invalider l’idée même de ce type représentation qui divise, qui fait des compartiments, comme méthode de perception, puisque la perception qu’il revendique est tactile, celle de l’usage du monde. Un iconoclasme de base qui n’est pas incompatible avec des pratiques poétiques totalement assumées.

Ainsi, dans une série de dessins, réalisés de 2020 à 2021, Nabil Himich a opté pour une logique de recouvrement de représentations figuratives par des densités faites de multiples traits superposés. Il s’agit des dessins, en format raisin, réalisés au stylo avec un nombre très réduit de couleurs, afin de souligner les points morts, le court-circuit permanent des rapports sémiotiques entre les composantes agrégées sur une même surface donnée. Ces études ne cherchent pas à construire des relations mais à replier et déplier, verbes entendus dans un sens deleuzien appliqué au baroque comme formes d’annulation par accumulation à l’infini ou discontinuité absolue.La saturation surcode les signes encore visibles pour mieux découvrir le raffinement trompeur de la réalité représentée.
Dans un deuxième temps, la résidence à Marrakech dans la vieille médina lui a permis de prolonger son questionnement et faire avancer la déconstruction de la représentation figurative par d’autres voies qui sont à la fois des corrélations conceptuelles et des œuvres diamétralement divergentes d’un point de vue exclusivement plastique. Il nous importe pour cette esquisse d’en relever quelques-unes : d’une part la réalisation d’une pièce de grandes dimensions, aux troublants et pourtant doux accents mnémotechniques, un immense cahier de bord, peint en blanc le jour de la fin de la résidence. Et d’autre part une série de peintures figuratives de petit format, une installation en pelouse synthétique, et une installation in-situ en morceaux de verre sur du ciment, etc. … Ces projets, s’ajoutant aux études mentionnées réalisées avant sa résidence, sont des lignes de fuite capables par leur divergence de nous dévoiler les strates d’occultation du réel et, plus amplement, d’annuler ou tout au moins déjouer les prétentions finales, conclusives, téléologiques de la représentation.

L’ensemble est une puissante exploration par Nabil Himich de sa capacité corporelle, physique pourrait-on dire, plié sur lui-même, à transcoder et non plus seulement surcoder, à faire passer les signes du réel vers le plan abstrait du potentiel et de ce qui, définitivement, ne sera pas et ne pourra jamais être. Traduire une vérité aporétique, un constat du non-sens des interprétations sémiotiques par association des juxtaposés, au moyen d’une agrégation de signifiants qui ne sont aucunement logiques et/ou réductibles à une somme finale. Le temps et l’espace de sa résidence sont à la fois un absolu et un impossible acté, déplié, mis à nu.

C’est une volonté pragmatique de se vider absolument en tant qu’artiste dans la rigueur du geste, non plus du tout pour revendiquer les pouvoirs classiques de la représentation, mais pour anticiper ses limites et conjurer les séparations que la représentation nous cache. Un art de (se) déplier, étalé sur des modes indépendants et pourtant complémentaires. Cette éthique est mobilisée en faveur d’un développement sincère d’une démarche générale qui aspire à la libération de soi, de l’être individuel et en société, sans tourner en rond autour des chimères, assez traîtres et trompeuses, des forces mimétiques.

Texte de Juan Asis Palao Gomez.

.No9ta (LE 18 x INBA).No9ta est né du désir entre LE 18 et l’Ecole Nationale des Beaux-Arts de Tétouan de créer et entretenir un dialogue entre les deux structures autour des actions de chacunes et des pratiques artistiques émergentes.



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