Entre art confiné et confinement artistique!

Depuis que la pandémie a touché de plein fouet notre région, la situation de la culture a vu son plus grand cataclysme dans notre ère moderne. Artistes à l’arrêt, créations confinées, public enfermé, salles vides, cinémas désertés, théâtres inoccupés…

Comment maintenir notre survie culturelle ? Comment garantir un revenu aux artistes ? Que faire avec tous ses espaces inhabités ? Et comment penser le modèle culturel de demain ?

La situation actuelle nous a juste confirmé que la question culturelle n’est pas une priorité publique, sur les heures de débats et de discussions politiques sur la crise, cette question n’a fait surface que pour des instants extrêmement limités. Maintes études et sondages ont montré que l’art ne figure pas dans la liste des nécessités premières de la survie que nous menons. Chose qui est légitime : ça puise sa légitimité du fait que l’art est mêmement une nécessité de vie et non pas une nécessité de survie. 

C’est en étant vivant qu’on crée de l’imaginaire, qu’on donne du sens, qu’on élabore du commun et qu’on fait une différence. Ainsi est l’art.

Actuellement, on constate une offre abondante de produits culturels sur les différents supports des réseaux sociaux : des concerts en mode live, des conférences et débats, des rediffusions et pleins d’autres choses. Cette offre peut être perçue, à la fois comme obligation (l’existence des

 artistes) et besoin (la survie de la culture). Et ça nous pousse à poser la question de sa finalité, purement culturelle ou de l’animation culturelle pour combler le vide ? Il faut faire attention de ne pas mélanger ces deux notions.

Je pense que la conjoncture actuelle ne doit pas nous faire oublier la nécessité de la création artistique et de la médiation culturelle. 

Telle une graine, tous ces artistes confinés chez eux regorgent d’idées et de muses, comme l’a dit Lao Tseu : “Le plus grand arbre est né d'une graine menue.” 

Je suis persuadé qu’une des solutions pour dépasser cette crise et continuer la créativité (injecter une bonne dose d’adrénaline), passe par la mise à disposition de tous ces espaces vides aux artistes afin qu’ils puissent mettre en place et révéler toute cette pulsion et énergie confinée. Cela contribuera sur le court terme à faire vivre les artistes, et sur le moyen terme à sauvegarder la création artistique. En insistant encore une fois sur la création.

J’imagine bien des chorégraphes danser avec distanciation physique (attention pas sociale), des circassiens revisiter les rues, des musiciens innover dans les studios et des cinéastes édifier une nouvelle fiction…

Entre autres, nous avons vu émerger des espaces virtuels qui ont remplacé les espaces physiques : des salles de concerts virtuelles, des cinémas virtuels et même des théâtres transmédias. Ceci est un bon signe vital que l’art et la culture peuvent garder leurs âmes de créativité peu importe les circonstances. L’outil numérique a démontré que le demain est déjà là et les réseaux sociaux ont illustré leurs rôles de “rapprocheur social”. Le philosophe Boris Cyrulnik nous témoigne de cela en disant : Je critiquais les réseaux sociaux en disant que c’était une boîte à ordures qui transportait toutes les fausses nouvelles, les rumeurs les plus moches… Et je dis aujourd’hui heureusement qu’il y a les réseaux sociaux. [...] Il y a des gens qui ont un talent d’humour extraordinaire qui permettent de nous détendre, des musiciens extraordinaires. Dans ce contexte-là je dis heureusement qu’il y a des réseaux sociaux.”

Le numérique a montré sa capacité d’apporter des solutions instantanées afin de partager la beauté. Cela pose question sur l’avenir et sur comment capitaliser tout cela. J’implore la réinvention du patrimoine, à travers la réalité augmentée, l’immersion sonore, l’interactivité et autres..

Pour finir, je reprends les paroles de Franck Medlener, directeur de l’IRCAM : “Tout reste à faire aujourd'hui pour proposer une expérience intégrale à un individu d'aujourd'hui plutôt que de prolonger l'émiettement, le fragmentaire et le quotidien dans la grande affaire culturelle. Ainsi, on pourrait en finir avec le XXème siècle et accéder peut-être au XXIème.”

Casablanca, le 25 mai 2020
Sofiane Benkhassala

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